T'es qui toi? ... 1/2
En cette période de fêtes de fin d'année, un petit billet léger, tinté d'humour mais toujours dans la réalité ...
Nous avons dit et redit, enfin écrit à plusieurs reprises que la pénitentiaire était une grande famille ...
Et bien comme dans toutes la familles, il existe des anecdotes, des ententes cordiales ou non, et beaucoup de mésententes !
Ce petit article c'est la vision que le CIP a du surveillant... Suivra une seconde partie très prochainement ( si, si, il me l'a promis ! ) de K'H avec la vision du CIP par le surveillant !
Les tous premiers pas que font les CIP avec les surveillants se passent à l'ENAP ( Ecole Nationale de l'Administration Pénitentiaire )
Quand un CIP arrive à l'ENAP, il ne connaît pas grand chose de la pénitentiaire, et encore moins du monde merveilleux des surveillants !
Mais s'il a de la chance, il tombe sur une promo de surveillants en fin de formation, prêts à aller au front et à échanger quelques conseils avec les jeunes padawans que sont les bébés CIP ...
On apprends alors que non les surveillants ne sont pas armés sur les coursives, oui ils connaisent le SPIP mais sur le terrain, d'après ce qu'ils ont pu voir pendant leur stage, les " vieux " surveillants appellent " ça " des assistantes sociales ...
Et la question du surveillant au bébé CIP : " mais vous faites quoi en vrai ? "... Euh c'est à dire que je suis à l'ENAP depuis 3 jours seulement ...
Et puis le temps passe, les promos se suivent et au bout de 8 mois, un an de formation, le bébé CIP est devenu un CIP junior avec derrière lui quelques jours de stage en uniforme de surveillants et deux stages en SPIP, rien que ça !
Alors c'est le CIP junior qui regarde horrifié un nouvel élève surveillant tout fraîchement arrivé, se balader avec son tout nouveau tout beau uniforme et demander très sérieusement quand on leur donnera les armes ?
Alors là, le CIP qui traîne gentillement dans la cour des résidences de l'ENAP engage la conversation avec ces nouveaux venus ( ben oui, nous c'est le social ! ) et tente d'expliquer que non, ils n'ont pas d'arme et non, ils ne peuvent pas utiliser la violence pour se faire respecter sur la coursive ...
Et là, THE question, " Mais CIP, ça veut dire Contrat d'Insertion Professionnel, c'est ça ? "
Alors là, patiemment on explique que non, que nous sommes nous aussi fonctionnaire du Ministère de la Justice et on tente d'expliquer notre rôle ...
Et là, c'est le drame! " Ah, en fait t'es assistante sociale " ...
Zen, restons zen ...
Finalement, on se retrouve sur les terrains et la situation n'est pas si différente !
Si on se retrouve dans un établissement très demandé par les surveillants, on est en général entouré de " vieux " agents qui ont connu les éduc' ou les assistantes sociales et qui on encore tendance à nous voir comme tels.
J'ai de la chance, je suis dans un établissement comme celui là mais les relations surveillants / CIP sont plutôt bonnes.
Bon, ok, j'avoue il y a parfois quelques prises de tête, compréhensibles.
Comme j'ai déjà pu le dire dans d'autres articles, nous sommes souvent coincés derrière notre bureau à faire différents rapports, et donc moins présents en détention.
Mais la détention tourne grâce aux surveillants. Et ils sont quotidiennement au contact de la population pénale qui vient très régulièrement leur demander s'ils peuvent appeler le SPIP pour savoir où en est le dossier de mariage, ou encore si on peut venir le voir pour un problème ultra urgent alors qu'ils n'ont qu'un papier à nous donner et qu'ils peuvent donc le faire par courrier ...
Je comprends tout à fait que le surveillant qui voit le détenu venir 10 fois dans la matinée pour poser la question ça peut agacer et donc il prend le téléphone pour joindre au plus vite le CIP, donner une réponse rapide, parfois loin d'être convaincante, mais rapide au détenu !
De notre côté, trois fois sur quatre, on a déjà répondu au détenu par courrier et fait passer le message par le surveillant de la veille ou du matin ... Alors au bout du troisième appel, quand on essaie de préparer une CAP ou de faire un rapport, là on craque et c'est le surveillant qui prend !
Je reste toujours cordiale et au final c'est le détenu qui repart déçu et pas le surveillant qui repart fâché contre le CIP.
Nos missions sont différentes mais pas antagonistes.
Chacun de nous avons accés à des informations différentes sur les détenus et certaines décisions peuvent être mal comprises par l'un ou par l'autre, mais au final, comme dans toutes les familles, quand on " s'engueule " on se réconcilie autour d'un café lors de notre prochain passage en détention ! Et avec la discussion tout finit par s'arranger !