Le métier de CIP - 2ème partie

Publié le par CIP12

Avec beaucoup de retard, voici la seconde partie promise il y a plus d'un mois...

Pour beaucoup l'administration pénitentiaire c'est la prison.

Or, il existe des Personnels Pénitentiaires qui ne travaillent pas en prison, 
les Personnels d’Insertion et de Probation.
Ceux ci travaillent
 en milieu ouvert.

Les CIP (Conseillers d'Insertion et de Probation) travaillent dans une antenne placée en dehors d’un établissement pénitentiaire.


Ils suivent des PPSMJ (Personne Placée sous Main de Justice) appelées également des probationnaires.


Ces PPSMJ sont suivies pour différentes mesures.


Le SME (le Sursis avec Mise à l'Epreuve) :


On distingue deux sortes d'obligations : Les obligations générales et les obligations particulières.


Les obligations générales
sont prononcées quelque soit l'infraction commise.
Parmi celles ci, il y a celles de répondre aux convocations du CIP et du JAP, de recevoir le CIP en visite à domicile si celui ci l'estime nécessaire, de ne pas quitter le territoire français, et enfin de prévenir de tout déménagement.

Les obligations particulières
sont prononcées en fonction de l'infraction commise et de la situation individuelle.
Les plus courantes sont celles de soins (alcool ou stupéfiant, suivi psychologique ou psychiatrique), l'obligation de travail (ou de rechercher un travail), l'obligation d’indemniser les victimes. 

La personne peut aussi se voir poser des interdictions comme celles de fréquenter des débits de boissons ou d’entrer en contact avec les victimes.

Pour tous ces suivis, le probationnaire est convoqué régulièrement au SPIP (Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation).
Lors de ce rendez vous, il doit amener les justificatifs permettant de contrôler le respect de ses obligations.


Le TIG
:

La personne est condamnée à un Travail d’Intérêt Général, à charge pour le CIP de trouver un lieu habilité pour qu’elle effectue ses heures de TIG.


Le SSJ
:

(le Suivi Socio Judiciaire) est prononcé lors de la condamnation (donc parfois 10 ans, 20 ans voire plus avant sa mise en place).

Pour les personnes qui n'ont pas fait l'objet d'une condamnation à un SSJ, une Surveillance Judiciaire peut être prononcée avant sa libération. Les personnes en SJ, sont elles aussi suivies par un CIP.

Pour le SSJ, comme pour la SJ, les obligations sont, là aussi, les mêmes que pour un SME.

Le CIP suit également les personnes placées sous contrôle judiciaire, à savoir les personnes mises en examen mais pour lesquels un mandat de dépôt n'a pas été délivré. De plus en plus ce suivi des contrôles judiciaires sont déléguées à des associations privées. Mais le travail reste le même.

Ils suivent également les personnes en libération conditionnelle. Là encore, les obligations potentielles sont les mêmes que pour les SME.

 

Le CIP fait des rapports réguliers au juge d’application des peines, et peut le cas échéant demander la révocation  ou la prolongation d’une mesure en cas de non respect des obligations. Avant d'en arriver à une révocation, le JAP peut faire un "rappel des obligations" auprès des PPSMJ. Une sorte d'avertissement.


En plus de ces suivis, le CIP de milieu ouvert effectue également des enquêtes

La POP :

Permanence d’Orientation Pénale, appelée aussi enquête sociale rapide. Il s’agit de rencontrer, parfois brièvement, la personne en garde à vue avant son passage devant le tribunal en comparution immédiate.


Cette enquête a pour but de faire le point sur la situation sociale et professionnelle de la personne. Elle peut également permettre au CIP d’informer le tribunal du respect ou non des obligations dans le cas d’un sursis avec mise à l’épreuve si la personne ne comparait pas pour la première fois… Cette enquête est obligatoire en cas de comparution immédiate. Cependant dans les faits, elle consiste simplement en un document figurant au dossier qui n'est pas toujours lu... Elle est parfois plus utile à l'avocat qu'au tribunal.

 

Le dossier d’un détenu demandant un aménagement de peine ou une permission de sortir doit, légalement, comporter différentes enquêtes.


L’enquête hébergement :

Afin de vérifier que la personne est bien d’accord pour accueillir le détenu, mais aussi pour vérifier s’il n’y a pas une tendance à consommer des boissons alcoolisées ou de produits stupéfiants ou encore la présence d’enfants au domicile…


De plus en plus l’enquête hébergement se couple à une enquête de faisabilité PSE (Placement sous Surveillance Électronique). Il s’agit de vérifier si le domicile est équipé d'une ligne téléphonique compatible avec le système du PSE
.


L’enquête employeur
:

Elle consiste à vérifier la véracité de la promesse d’embauche. Elle permet aussi de constater si l’employeur n’a pas de problème avec la justice (comme une condamnation pour travail dissimulé par exemple…)

L’enquête la plus difficile à réaliser est sans aucun doute l’enquête victime.


Le CIP doit contacter la victime, d’une part pour savoir où elle réside (si elle habite la maison voisine du lieu d’hébergement du détenu, c’est pas forcément une bonne idée…) et, d’autre part, savoir ce qu’elle pense de la demande d’aménagement de peine de la personne.

Et je peux vous assurer que nous sommes parfois supris des conclusions d'une enquête victime. Il arrive en effet et pas exceptionnellement, que la victime ne s'oppose pas catégoriquement à la sortie "anticipée" du détenu.

Le CIP de milieu ouvert est aussi parfois saisi pour réaliser des enquêtes dans le cadre de l'article 723-15 (
link ) du code de procédure pénale. Pour résumer, en cas de condamnation à moins d'un an de prison ferme, cette peine peut être aménagée, le plus souvent sous forme de placement sour surveillance électronique mobile.

Il est question que le quantum des peines fermes aménageables passe d'un an à deux ans... Alors ça luttera un minima contre la surpopulation carcérale, mais ça ne facilitera pas l'aménagement de ces peines.

Plus de travail encore pour les CIP, et puis tenir deux ans en bracelet électronique... cela reste assez difficile...

Publié dans SPIP

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M
<br /> Une question sur l'indemnisation des victimes : après la fin du SME ou de la période de libération conditionnelle, comment s'assurer que la personne continue à indemniser les victimes s'il reste<br /> des sommes à payer?<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Malheureusement une fois le suivi terminé, il n'y a aucun moyen de vérifier que la personne continue à indemniser la victime...<br /> <br /> Par contre, si elle le souhaite, la partie civile peut faire des démarches pour se voir indemniser en totalité.<br /> <br /> A préciser aussi que bien souvent, la victime en elle même peut se faire indemniser par le FGTI (Fond de Garantie des Victimes) et ensuie la PPSMJ rembourse le FGTI...<br /> <br /> <br />
L
<br /> merci beaucoup, je ne suis pas déçu par cette suite que j'attendais avec impatience<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonsoir CIP12,<br /> <br /> Merci et bravo pour ce trés bon article sur le si méconnu métier de CIP. Cela m'aide - nous aide - à mieux appréhender ce si difficile et méconnu métier, placé entre le marteau de l'Administration<br /> et l'enclume des DTS.<br /> <br /> Bon courage à vous, et merci encore pour ce travail qui, mine de rien, fait que le citoyen lambda ne croise pas deux fois le même criminel dans la rue.<br /> <br /> Bon courage CIP12.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci Ane Nonyme.<br /> <br /> J'espère faire ce qu'il faut pour ne pas que le citoyen lambda croise deux fois un criminel. J'essaie que la seconde fois il ne croise plus un criminel, mais un homme inséré dans la<br /> société et exempt de tout reproche...<br /> <br /> <br />
P
<br /> j'ai une amie psychiatre à qui je posais cette question, à savoir si elle avait des nouvelles de ses patients un fois qu'ils avait fini leur cure et elle me disait qu'elle avait surtout des<br /> nouvelle de ceux qui replongés et rarement de ceux qui allait bien... un peu comme vous.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> En effet, je n'ai pas osé le dire, mais on a plus souvent des nouvelles indirectes en cas de ré-incarcération que de bonnes nouvelles.<br /> <br /> Et quelque part, je trouve ça plutot sain. Une fois sorti de prison, les personnes reprennent leur vie... est ce que donner des nouvelles aux personnes qui les ont suivi pendant un temps n'est<br /> pas éviter d'aller de l'avant?<br /> <br /> Je ne sais pas, je n'ai pas de réponse, mais je me pose parfois la question.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Bonsoir<br /> Merci pour ces précisions sur votre travail. J'aimerais savoir comment êtes - vous considérée par les personnes condamnées, et avez-vous parfois des nouvelles de gens ayant purgé leur peine et que<br /> vous avez aidé ?<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Bonsoir Dan, je vais répondre en prenant en compte uniquement le suivi en milieu fermé, ne connaissant que peu le milieu ouvert.<br /> <br /> En général, si nous n'allons pas dans le sens de la personne comdamnée, nous sommes mal vus. Ils ne comprennent pas toujours notre rôle qui n'est pas uniquement de les aider mais aussi d'éviter le<br /> risque de récidive et de protéger les victimes ou de potentielles victimes. On est parfois amené à mettre un avis défavorable pour une demande de permission de sortir ou de libération<br /> conditionnelle, et même si c'est le JAP et non le CIP qui prend la décision, le CIP est forcément mal vu...<br /> <br /> Ceci dit, il arrive quand même parfois que certains détenus nous remercient lorsqu'ils ont obtenu une permission de sortir ou un aménagement de peine.<br /> <br /> Quant aux nouvelles de personnes libérées... je ne peux pas catégoriquement répondre par la négative, mais cela reste malgré tout assez rare.<br /> <br /> <br />